La Côte d’Ivoire accueille le colloque international : « Renaissance africaine et afrocentricité ».
Le samedi 26 octobre s’est tenu à Abidjan en Côte d’Ivoire un colloque international portant sur le thème : « Renaissance africaine et afrocentricité ».

Dans la mouvance de cette année 2013 proclamée par l’Union Africaine année de «La renaissance africaine et du panafricanisme», s’est tenu, le samedi 26 octobre, à l’université Félix Houphouët-Boigny (UFHB) de Cocody/Abidjan un colloque scientifique international sur le thème : « Renaissance africaine et afrocentricité ». Cette rencontre a été une occasion propice au brassage d’idées à même de participer à l’essor des peuples africains.

En effet, selon le professeur BOA Thiémélé Ramsès, président du comité scientifique de ce colloque, l’objectif général était de « réfléchir aux méthodes et moyens de faire de la Renaissance africaine et de l’afrocentricité le fondement d’une articulation nouvelle de nos cultures et de nos espérances ». D’une façon plus spécifique, il s’agissait non seulement de mettre en évidence le rôle, nullement négligeable, des peuples négro-africains dans l’édification de l’héritage intellectuel universel, mais aussi d’amener les décideurs politiques et la communauté scientifique à percevoir l’utilité d’intégrer les grandes œuvres africaines, si souvent peu ou mal connues, dans les programmes scolaires et universitaires. De plus, il s’agissait aussi bien de valoriser les langues africaines que « d’entretenir les liens culturels et humains avec les frères et sœurs de la diaspora ».
Pour atteindre leurs objectifs, les organisateurs de ce colloque ont fait appel à des universitaires et des intellectuels de renom et de divers horizons. C’est ainsi que les deux principales conférences portant sur « Les ingrédients nécessaires de la Renaissance africaine » et « L’impératif afrocentrique pour la Renaissance africaine » ont été tenues respectivement par le Dr MOLÉFI Keté Asanté et le Dr AMA Mazama. Tous deux enseignants à la Temple University aux États-Unis. En appui à ces deux conférences, dix-sept communications ont été exposées par des intellectuels et universitaires de la Côte d’Ivoire, majoritairement rattachés à l’UFHB ; nous avions eu entre autres : « La Renaissance africaine : obstacles et opportunités » par le Pr DEDY Seri, « Afrocentricité comme société ouverte » par le Dr GUEBO Josué et « Afrocentricité et identité culturelle : Discours et cours » par le Pr BOA Thiémélé Ramsès.

Ce colloque a permis, d’un point de vue réflexif, d’articuler la Renaissance africaine et le concept d’afrocentricité. En effet, l’Africain contemporain perçoit la Renaissance africaine comme un appel à l’éveil de sa conscience. Ceci dans le but de s’approprier son histoire et de lui donner un sens édifiant qui transcende les événements douloureux de son passé et qui soit à même de lui permettre de se projeter dans l’avenir. Fort d’une telle ambition, il peut reconnaître l’afrocentricité comme étant une « théorie opératoire » adéquate, une voie appropriée pour la réalisation de cette renaissance, de cet éveil de sa conscience. Et ce, dans la mesure où l’afrocentricité se veut être une réévaluation de la présence au monde de l’Africain, non plus d’un point de vue exogène, mais bien à partir du regard de l’Africain lui-même. Car, l’Africain, dans la vision afrocentrique, n’est plus un élément passif, excentré, mais plutôt l’acteur de son histoire et de l’histoire de la civilisation universelle. Élargissant cette perspective historiciste, le Dr AMA Mazama soutient que « …la recherche afrocentrique reflète l’ontologie, la cosmologie, l’axiologie et l’esthétique africaine : cette recherche doit toujours nous prendre comme référent ultime afin d’être afrocentrique… » (L’impératif afrocentrique, Paris, Éditions, Menaibuc, 2003).
Certes, l’Afrocentricité implique une recherche et une affirmation de l’identité africaine ; mais elle est toutefois aux antipodes de tout repli identitaire, de tout appel à la haine, à la soif de pouvoir, à la rapacité ou à la violence. En d’autres termes – ou dans une autre langue –, « Afrocentricity does not convert you by appealing to hatred or lust or greed or violence » (Dr MOLÉFI K., Afrocentricity. The theory of social change, African American Images, Chicago, Illinois, 2003). Ainsi, la recherche afrocentrique se veut-elle une tentative de pluralisation de la pensée dans laquelle l’Africain à la possibilité « d’instituer une nouvelle historicité porteuse d’avenir et de vérité sur [lui] » (Pr BOA T.) et partant sur l’histoire universelle.
Vivement que les « utopies mobilisatrices » proposées à ce colloque soient prises en considération par les hommes politiques et autres leaders d’opinion pour le bien-être de l’homme africain et donc de l’humanité tout entière.
Lire le rapport final du colloque.
Le colloque a été organisé conjointement par le département de philosophie et le Bureau des doctorants en histoire de l’UFHB en collaboration avec le Centre de recherche Kemetmaat association et la division abidjanaise de l’Afrocentricity international,
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